Reprenant un post facebookien, je vais aujourd'hui évoquer brièvement Jul, métastase représentative de la pauvreté musicale de notre époque.

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Suite à quelques discutions avec d'anciens collègues, un nom revenait fréquemment: Jul. Curieux de savoir qui est ce jeune certainement Julien qui fait tant parler de lui, je file sur youtube en rentrant et me lance une "chanson".

De prime abord, le type est pas encourageant. Il a une fâcheuse tendance à se mettre torse nu sans raison (ce qui n'a rien de très attrayant pour moi) et porte une sorte d'écureuil mort et décoloré sur le haut du crâne. Ne jugeant pas par le physique (j'essaye j'essaye, parfois c'est pas évident, j'ai des miroirs partout bordel!), je passe.
Deuxième point notable, il a souvent son prénom inscrit sur ses sweats et porte des chemisettes d'hawaïen daltonien. Là, c'est un peu plus inquiétant... Bon, peut-être rentre-t-il de colonie de vacances et porte-t-il encore son sweat préféré sur lequel sa maman a cousu son nom pour ne pas qu'on lui vole (les chemisettes, pas de risques). On ne sait jamais, dans le bénéfice du doute, je ne m'attarderai pas plus à le juger.
Pour finir avec les faits notables de la présentation esthétique du jeune homme, il a eu un accident de tondeuse au niveau du sourcil. Entre ça et l'histoire du sweat, je me dis qu'il doit pas être doué. Peut être un brin attardé pour avoir peur d'égarer ses affaires au point de les étiqueter et de se trancher le sourcil deux fois de suite en se rasant l'écureuil qui lui sert de vie capillaire. Bon, son crâne est à tout juste 2 cm au-dessus de la scène de crime, juste de quoi accueillir son lobe frontal de diplodocus, mais tout de même quelle maladresse!
Résumé, ça commence pas terrible. J'ai la sensation qu'il manque légèrement de naturel et de conscience. Je ne m'arrêterai pas à si peu, des traumatismes tout le monde en a. Espérons qu'il n'en soit pas de même avec son flow et sa voix.

20s de vocoder pour les nuls de la chanson plus tard, j'ai compris. Compris mon erreur hein, qu'on s'entende. Les paroles restent de l'ordre du borborygme, indigestes, ineptes...y a rien à comprendre. Je persiste tout de même.
Un mal de crâne à faire taire une nouvellement majeure en école d'esthéticienne et une sensation bizarre au niveau des oreilles. Ca remue, me chatouille et en même temps j'ai comme l'impression de m'alléger. Tout va bien, c'est cool, un nimbe de légèreté entoure mon crâne, me soulève du sol et m'éloigne des tracas (Beatis pauperes spiritu qu'il écrivait mon tatoueur). Les beautés de la croyance pour oublier...j'y arrive pas. Inquiet, je file devant le miroir et là stupéfaction: mes neurones s'échappent du noir et profitent de la diversion pour se faire la malle en faisant la chaine depuis mes tympans ensanglantés. Beau parleur, après quelques excuses bien emballées, ils m'accordent une deuxième chance. Retour des tracas et sentiment de justesse, impression d'être et plaisir d'apprendre. Des choix.

idiots

Pour résumé, Jul c'est tout et rien à la fois. Un reflet de la misère artistique d'une grande partie des produits musicaux actuels et une alarme muette sur les dangers de l'acculturation vers laquelle nous galopons en toute innocence (fallait bien lui trouver une utilité). Si le savoir est une arme, son absence est une plaie ouverte sur l'intégrité d'un individu. Sans, on est totalement désarmé. Creux, insipide, superficiel, encourageant un matérialisme futile, n'évoquant rien et représentant toujours, Jul est une brindille dérivant au gré des humeurs consuméristes de la société. On veut du boom, un refrain simple, un truc qui fait bouger, peu importe le sens de tout ça...et, après tout, peut-on en vouloir à quelqu'un de vouloir rentrer dans la partie? Le fond du problème restant les conséquences de cette façon de vendre de la "création". Si j'ai choisi cette photo pour accompagner mon post ce n'est pas innocent. Regardez ce type entouré de gamins admiratifs qui pointe ses magnifiques majeurs vers l'objectif. Sans avoir à vous imposer son écoute, je vous assure qu'il ne véhicule rien de plus. Pauvreté culturelle oblige et surmédiatisation complètement démentielle au vu de la profondeur du produit, l'influence de ce chant..., de cet arti..., non je peux vraiment pas, de ce truc, ne peut être que néfaste. Simplement parce que quand la terre est polluée, les plantes ne poussent pas ou sont chétives et mourantes. Et avec Jul c'est l'asphyxie garantie pour ces pauvres radicelles ne demandant qu'à devenir racines. Il est fragment d'un environnement mettant en chute libre les intellects.

Là où le bât blesse c'est quand j'ouvre ma musicothèque pour y déterrer de vrais artistes prolifiques, oubliés, mis de côté ou méconnus. Le syndrome de l'artiste face à celui du buzzité, à chacun son époque. Nous vivons à celle des prix.