Suite aux conseils d'un pote qui me disait que le blog manquait de "lol" ( génération déliquescente...je vous jure. Kicksnare si tu m'entends ), voici un texte que j'ai écrit il y a environ 8 ans. C'est le personnage du tout premier roman que j'ai commencé (jamais terminé ) qui le rédigeait pendant que l'amour de sa vie (Vanessa) en rédigeait un autre de son côté. A la fin, ils se montraient respectivement leurs textes. Le texte de Vanessa ce sera pour la prochaine fois.Try.jpg

Trys ça vient du mot tricycle. Mais pourquoi un tricycle pour parler d’un homme? Ou, qu’est ce que c’est un tricycle humain ? Hé bien, vous n’avez qu’à imaginer une meute de loups au fond d’une vallée. Dans celle-là recherchez des yeux le mâle le plus faible. Un peu d’aide : c’est celui qui mange quand tout le monde a fini, il est petit, maigre et il se fait maltraiter par tous les autres membres (louveteaux compris, car c’est sur lui qu’on leur apprend à mordre). C’est bon vous l’avez en tête ? Bien ! Maintenant, transposez ce loup à un humain et vous obtenez à peu de chose près le trys. C’est en quelque sorte l’exutoire désigné des pulsions des autres. C’est celui sur le visage de qui il est écrit : « je suis gentil profitez en ! ». C’est celui qui va rougir le premier dans le bus quand quelqu’un a pété parce qu’il croit qu’on va penser que c’est lui. C’est celui qui se fait victimiser même par les autres espèces, les chiens lui pissent dessus et les chats le griffent sans raison. Pour résumer, le trys c’est comme un « Oui-oui » qui se serait perdu dans le Mordore ou en Irak en croyant être arrivé dans l’île aux enfants. Le trys avance dans cette vie assuré comme s’il roulait sur un tricycle, il a besoin de la troisième roue. C’est sa niaiserie et elle lui sert à maintenir sa confiance en cet univers. Sans elle, il serait prostré dans un coin en pleurant, incapable de vivre parmi les siens. Le trys transpire la victimisation et respire l’air de la crédulité.

Mon trys à moi c’est mon voisin. Il vient de Belgique où il a grandi et où il est resté jusqu’à ses 25 ans (la majorité belge dans mon esprit), après avoir terminé ses études de poésie ésotérique orientale et arctique. Quand il était petit, il aimait bien jouer au indien en slip dans le jardin avec papi Straussbergs qui était aussi son meilleur et seul ami. Il aimait bien aussi quand papi lui racontait des histoires de pigmés et souvent il s’endormait en rêvant à toutes ces jungles où il irait un jour, c’est sûr, avec son plus beau slip et l’arc en vrai bois que papi lui a offert. Sinon, il lisait plein de livres dont vous êtes le héros et il arrivait même qu’il en finisse un. Mais c’était assez rare, car ils sont super durs les livres dont vous êtes le héros, surtout ceux avec des ninjas.

Trys est tout blond, tout fin, il a un gros nez, une voix nasillarde et une démarche qui donne l’impression qu’il va se casser les genoux à chaque pas qu’il fait. Physiquement, on a l’impression qu’à la fabrication on s’est trompé sur les membres qu’on lui a posés. Quand il marche, tout balance sans contrôle apparent. Ses membres et sa tête paraissent bien trop lourds pour sa musculature de playmobile.

Trys aime les romans avec des dragons et des héros qui n’en ont pas l’air, les films qui font peur, le rock français alternatif dont on ne comprend pas vraiment le rythme, les jeux vidéo en réseaux auxquels il participe avec ses potos (avec lesquels il a fondé, il y a deux ans déjà, la guilde des elfes maudits de Baldusor) et les habits pas chers qui montrent tout l’inintérêt qu’il porte à la société de consommation.

Trys n’aime pas l’eau qui pique parce qu’après il a les yeux qui pleurent. Il n’aime pas qu’on ne l’aime pas parce que lui il aime tout le monde. Il n’aime pas les caleçons parce que ça ballotte quand il marche alors il ne met que des slips (ou « zlips » selon sa prononciation). Il n’aime pas trop les chiens parce qu’ils lui font toujours pipi dessus, même si y en a des gentils. Il n’aime pas le rap parce que c’est violent et que la violence c’est pas bien.

Trys est engagé, il fait partie d’une assoce écolo (parce que la planète est mal barrée d’après ce qu’il a vu au journal de TF1) et il donne chaque année cinq euros au Téléthon, parce que pour lui c’est pas parce qu’on a tout pour soi qu’il faut rien donner. Il a, bien sûr, sa carte d’électeur parce qu’il a entendu qu’il fallait voter et qu’il fait toujours ce qu’il faut Trys. Il va militer dès qu’il peut pour revendiquer ses convictions sur la politique, la nation et pour protéger les droits qu’il a et qu’il veut garder parce qu’on sait jamais ce qu’il peut arriver si on protège pas ses libertés. Il a peur parfois qu’on lui donne des ordres contre lesquels il ne serait pas d’accord parce qu’après il serait ronchon et quand il est ronchon il peut aller jusqu’à dire des gros mots. Alors NON ! On ne lui prendra pas sa liberté d’être libre.

images2.jpgTrys, il fait du Mung shi tsuan depuis bientôt deux ans, parce qu’il a vu à la télé que les jeunes de cités ils étaient vraiment méchants et que parfois ils s’en prenaient même aux innocents juste par plaisir. Alors, il veut se défendre si ça lui arrive et c’est pour ça qu’il est inscrit dans ce club avec un vrai prof qui vient d’Asie et qui ressemble vachement aux acteurs des films d’action de son copain Jean Jean. Jean Jean c’est son meilleur ami et il adore les films de kung-fu. Alors, Trys il aime bien aussi. De toute façon, il aime toujours ce que les autres aiment, c’est comme ça qu’il sait quand il aime quelque chose. C’est un peu cher « le club » mais huit cents euros par semestre pour un art martial disparu qui permet de paralyser un ennemi avec un simple cri, après tout c’est pas trop. À l’entraînement, ce qu’il aime le moins c’est les douches. Déjà parce que ça sent comme si on avait enfermé une tribu de lions dedans pendant deux mois et aussi parce qu’à chaque fois il doit trouver une technique pour cacher sa quéquette. Alors souvent il se lave en zlip. De toute façon, il s’en moque de porter un zlip mouillé, il a l’habitude et en plus ça lui rappelle le jardin avec papi, quand il faisait chaud l’été et qu’on sortait les arroseurs pour la pelouse. Et même si les autres au club ils l’appellent « le slip » et bien il sait qu’ils l’aiment bien quand même parce qu’à chaque fois que c’est le moment du combat libre et bien ils veulent tous se mettre avec lui. Il avance bien dans le club Trys. Il est déjà monté d’une ceinture en deux ans. Sensei Tchang il lui dit tout le temps qu’à ce rythme il sera champion d’île de France avant que Georges Bush ait un cerveau. Alors, il est heureux et il s’entraîne chez lui en plus dès qu’il a fini une quête avec les potos sur son ordi. Parfois il fait jusqu’à vingt pompes en séries de trois, mais après il est drôlement fatigué alors il est obligé de se faire une chicorée sans quoi il tombe de fatigue et Anne-Guenièvre elle est colère parce qu’il regarde pas « plus belle la vie » avec elle. Anne-Guenièvre c’est sa copine. Ils se sont rencontrés à un salon sur les comics. Il était déguisé comme son héros préféré, superman, et elle en catwoman. Quand ils se sont vus, ça été le coup de foudre tout de suite. Ils se ressemblent bizarrement tous les deux et ils ont presque le même gros nez qui s’adaptait difficilement à leurs masques de super héros. C’est un peu pour ça d’ailleurs qu’ils se sont remarqués. Parce qu’ils ont tous les deux été obligés de faire un trou plus grand dans leur masque pour faire passer leur nez. Au salon y a même des gens qui se moquaient d’eux, mais ils s’en moquaient parce qu’ils s’étaient trouvés. Et même que Spiderman il a dit à Trys que si superman était aussi musclé que lui, y aurait pas que la cryptonite qui serait dangereuse. Anne-Guenièvre et lui et bien ils n’ont rien dit. De toute façon c’était pas vraiment méchant vu que spider-man c’est un super héros et pas un super vilain. Il peut pas dire des choses méchantes volontairement. Trys et Anne-Guenièvre ils aiment bien « Plus belle la vie » parce que les acteurs ils sont méga bons et les intrigues encore plus. C’est tellement prenant que quelques fois Trys il attend pour aller faire pipi et du coup il arrête pas de gesticuler. En plus, il a une toute petite vessie et donc il a tout le temps envie de faire pipi, c’est pour ça qu’ils vont pas souvent au cinéma. La dernière fois où ils y ont été, c’était pour voir le nouvel Harry Potter. Un évènement comme ça on peut pas le rater et même s’il a fallu que Trys se retienne pendant toute une moitié de film et bien ça valait le coup. Quand il a été aux toilettes, il avait le zlip un peu mouillé, mais ça il s’en moquait. Les zlips mouillés ça lui fait vraiment pas peur, et le film était tellement « stylee » (ouais, Trys aime bien employer des expressions de son temps) que ça n’avait pas d’importance. Tout comme tout ce qui ne colle pas avec son ingéniosité.

La vie de mon Trys est constamment composée de morceaux comme ceux-ci, c’est ça sa vie. Mon Trys est faible, il est une cible ambulante ainsi qu’un individu complètement décalé qui subit influence sur influence sans s’en rendre compte. Mon Trys est ce que certains appelleraient un « bouffon », une tête de Turc ou un bouc émissaire. Mon Trys tout le monde, ou presque, se fout de sa gueule. Il est un sujet de railleries permanent. En somme, mon Trys est loin d’être adapté à cette société et c’est cela qui fait toute sa force. Parce que mon Trys est un éternel enfant qui ne connaîtra jamais les soucis d’une vie lestée par la perception de toute la cruauté d’un monde qui fait croire en la possibilité d’une cohésion fraternelle dans laquelle lui il vit tout de même. Contrairement à son voisin aigri qui déteste tout le monde et arrive à s’en réjouir...