Ce matin, je me suis levé de bons pieds. Motivation au rapport, prête à m’épauler pour chercher avidement le travail qui ferait enfin de moi une personne épanouie socialement. Un travail qui me donnerait de quoi vivre convenablement et de quoi épancher un minimum mes pulsations passionnelles. Très vite, j’ai mis de côté ces vieux souvenirs de mes expériences passées. Le diaporama de mon historique professionnel est d’une tristesse sans conteste. Salaire glanant au maximum 1300 euros nets par mois et passion expulsée par charter sans aménité. Mais bon, la vie est belle! Elle réserve son lot de surprise quotidien, les gens sont gentils et bienveillants, ils redonnent espoir en l’humanité, ils transcendent l’homme et le tirent vers le haut, vers cette verte prairie où tout le monde vit en cohésion égalitaire et fraternelle... Bizarre, il fallait qu’il se passe un truc.
Une heure après mon lever, je descends à la boite aux lettres ou à merde selon les périodes. Le cœur léger, j’avais déjà oublié les fins d’années françaises si riches en traite (je suis à moitié vache ces derniers temps) et en pensées mercantiles.
Oh une jolie lettre ! Cool, qui ça peut être dis donc ? Oh Véolia, chouette, peut-être vont-ils me remercier d’être client chez eux par obligation faute de concurrence ? Allez savoir... Grandville_leLoup_Et_Le_Chien.jpg Désillusion, je retombe dans les travers d’un état de copinage qui, lui, n’a pas oublié que 86% des richesses mondiales appartiennent à 10 % de l’humanité. Il joue le jeu, mais je ne suis jamais invité aux soirées. On se serre les coudes pour ne pas sortir de cette étroite fourchette de platine. Que de monopoles, que d’absence de choix, que de taxes...
Depuis le mois d’octobre, je suis devenu un beau bovin, une belle bourse extensible dans laquelle de sombres fournisseurs de mes burnes viennent allègrement piocher. Manque de bol, c’est en novembre que je deviens demandeur d’emploi avec l’utopie en crâne selon laquelle je pourrais en profiter pour écrire un troisième roman. C’est con, je garde l’espoir malgré les angles pointus et austères que je n’arrête pas de me bouffer. Dans cette conjoncture chimérique, on ne manque jamais de me rappeler que pour les personnes de ma classe les choses ne se déroulent pas ainsi. L’effort social Monsieur, l’effort social. Pour qui ? Le défilé des sangsues commence.

Mi-octobre, EDF me demande de régulariser une somme indécente et m’indique que le prélèvement sera effectué 5 jours plus tard sur mon compte. Pourquoi une régularisation si importante me dis-je ? Après recherche je comprends. Sans me demander mon aval, ils ont diminué mes mensualités (que j’avais calculées en connaissance de cause) sans m’avertir, et ce depuis un an. La réalité correspondait à mes calculs, pas aux leurs, j’en paye les frais, c’est normal. Jusqu’ici, tout va bien. Ils m'appellent, présentent leurs excuses et m'offrent une remise de 30 euros sur une facture à venir. Je l'attends encore et ai dû faire la mendicité par courrier pour l'avoir. Tellement heureux de payer pour ces services si respectueux du bétai...heu, de la clientèle!
Un mois plus tard. Ce magnifique état français auquel je verse deux autres mensualités pour mes impôts, me demande de payer mon imposition sur le revenu. Avec majoration bien évidemment, j’ai oublié de régler selon eux. Après 4 appels à différents services, près de 2 heures d’attente et de Vivaldi, je comprends que je réglais à mon ancienne caisse et non à celle de mon nouveau lieu de résidence. Pas faute de leur avoir signalé mon déménagement à la fois par écrit et sur le site adéquat qui ne fonctionne qu'une fois sur environ vingt-six-milles tentatives. Autrement dit, ils m’auraient majoré et demandé de repayer ce que j’avais déjà partiellement payé si je ne les avais pas appelés à 4 reprises ! Génialissime administration incapable de centraliser ses données et que je rémunère indirectement!

Un mois plus tard, (c'est le grand schelem de la succion) taxe d’habitation majorée, car ce coup-ci j’ai vraiment oublié de payer. Le rêve est mon transport, dès que je peux je file. D'une nature un peu éthérée, j'ai tendance à m'éloigner de ces problèmes terrestres. Du coup, parmi cette foule se bousculant aux portillon de mon petit compte en banque de prolétaire contemporain, j'ai oublié quelqu'un. Merde alors... Eux ne m'aurait pas oublié par contre. J’écris un courrier leur expliquant qu’avec tout ce que je paye, je sens déjà les odeurs du caniveau. Ils me débitent de l’intégralité sans me faire de remise, ne serait-ce que de la majoration (environ 17 euros). Rien à foutre, en temps voulu vous récupèrerez en soupes, auprès des centres d’hébergement pour sdf, ce que vous nous avez payé...impots-300x254.jpg Avec tout ça, mes 1050 euros mensuels de demandeur d’emploi vont fondre chaque mois jusqu'aux nouvelles joies de fin d'année 2014. Impatient, je trépigne d'avance en imaginant cette vie de joie cyclique qui m'attend! Au-delà de cette ironie, sans ma famille pour m’aider, je serais très proche du trottoir à l’heure qu’il est. Ma marge financière de manœuvre est pour ainsi dire devenue nulle.

Alors, ce matin en voyant ce courrier de Véolia qui me demande près de 300 euros de régularisation pour un problème exactement similaire à celui d’EDF (à croire que les administrations n'écoutent que ce qu'elles veulent tant que ça ne rend pas plus problématique leur fonctionnement vampirique), je me demande ce que je suis dans cette société. Certainement pas un client étant donné l’absence totale d’humanisme de la part de ces grandes sociétés de service qui piochent selon leur bon vouloir dans mon compte en banque. Un citoyen lambda? C'est certain dans la mesure où je n’ai que le package minimum de droits (c'est comme ça, on choisit pas mon ptit monsieur). Une bête de somme? Pas loin, ne me manquent qu'une descendance à nourrir et à habiller. Une fois cela fait, j’aurais le collier pour accompagner la laisse.

Quel que soit le gouvernement, son orientation, ses obédiences, la situation n’a jamais évoluée dans le sens de l’uniformisation si chère dans les gueules sales de malhonnêteté des faux-semblants gauchistes. Au moins, à droite les représentants assument leurs logorrhées de politiques parasitaires dans le sens où ils ne font pas semblant d'être humanistes pour servir leurs petites personnalités de nuisibles. J’y reviendrai, mais le sujet est quasiment le même. Pour le résumer: pendant que certains jouent avec les revenus de la productivité du lambdassien, ce dernier continue de produire pour une misère afin qu’ils continuent de se masturber dans des draps de soie. 10% de la population fait mumuse avec son sexe grâce aux paumes cornées des 90% restants. C'est certain, la politique est le système de gouvernement idéal! Moi, j'y crois...et la croyance étant toujours fondée...

Énervé, je m’interroge. Me demande si je suis le seul dans ce cas, si je suis le seul à être à 2 doigts de devenir cellule autonome du trottoir ou à rentrer dans une cellule terroriste. Je cherche sur le net et voilà le texte que je trouve sur un forum de France 2. Il résume pas mal mon ressenti et je remercie cette personne inconnue pour ce message (je n’y ai pas touché, juste corrigé certaines fautes) :


carpe|2457775

''Bonsoir,

J'ai 36 ans, je suis commerçant, plutôt de tradition familiale centriste, j'ai déjà voté à gauche, au centre, et à droite ... Maintenant je suis désespéré par la politique et par l'État en général, en prenant un raccourci qui peut être étayé, les politiques sont menteurs, corrompus, n'ont que très peu le sens de l’intérêt national et préfèrent le sens de leur propre intérêt. La démocratie ce n'est pas ce que nous vivons, nous vivons un simulacre, une vaste pièce de théâtre ou les spectateurs que nous sommes sont les dindons de la farce. Ils mentent, trichent, sont corrompus, volent, avec un tel aplomb que bien souvent, plus la supercherie est grosse plus elle devient crédible pour nous ( les moutons ).

En tant que commerçant je subis un tel racket de tous les cotés, rsi urssaf, taxe apprentissage, taxe chambre de commerce cfe, taxe foncière, taxe , taxe , taxe, taxe, j'en peux plus ... je me sens comme un citron qu'on a trop pressé, je suis vide , sec, sans motivation, sans envie ... comme quelqu'un qui avait envie de faire un marathon à qui on met une veste en plomb sur le dos. Je suis passé par des envies de suicide ( me disant que j'étais surement trop bête pour y arriver ), des envies inavouables aussi par moment, maintenant je suis blasé, plus rien ne me touche .. ni un décès dans la famille, ni la guerre quelque part, j’espère une nouvelle révolution française pour en finir avec cette classe politique pourrie, et cet État mammouth, vieux , mou, lent, incompétent, voleur. Si je pouvais je partirais au canada ou au Usa, pays qui permettent aux gens qui s'investissent et font des semaines de 60h de réussir et de vivre correctement de leur travail, grâce a mon travail l'État gagne une fortune et me laisse des miettes pour bouffer et continuer à lui rapporter. Je hais les utopistes et les humanistes de salon, tels certains présentateurs télé / journalistes gauchistes qui font semblant d'être humanistes alors qu'ils gagnent 10 ou 20 SMIC par mois. Facile d'être généreux quand on pète dans la soie.

Je voulais être commerçant pour être indépendant et libre, je n'ai jamais été si enchaîné et prisonnier. Une fermeture d'entreprise toute les 8 minutes, 65000 / an, on en parle pas souvent, on préfère donner les chiffres des créations ... Je n'ai plus beaucoup d'espoir pour la suite, je vais surement devenir adepte de Diogène, autonome le plus possible, avec le moins de contact par rapport à cette société de fou.Gerome_-_Diogenes.jpg Je ferai mes légumes ( sans produits chimiques ), mon poulailler ( sans anabolisants, hormones de croissance, etc.), me chaufferai au bois à l'ancienne, sans télé, sans voiture. Je ferai mon électricité si besoin est ... et qu'on vienne pas me les casser, sans quoi y aura accueil chaleureux ... Cette société n'a plus de valeurs, plus de repères , elle ne représente plus rien. Seuls les gens pplc ( pris par les coui...) avec des crédits, des enfants peuvent supporter cela, et s'est bien pour ça que l'on fait tout pour endetter les gens, pour éviter qu'ils se rebellent. Bonne continuation à vous, que vous viviez une vie heureuse et pleine d'enseignements, que celle ci vous rende heureux et épanouis. Un commerçant bientôt définitivement sorti de votre système voleur.''


Mon texte est le résultat d'un énervement ponctuel, cela étant ma trame de fond sociétale y transpire. La forme en est légère, mais je reprendrai le fond dans un autre texte sur les raisons de mon apolitisme. En attendant, pour comprendre un peu mieux nos sociétés d’utilisateurs et d’utilitaires, je vous invite à télécharger et lire le texte qui a donné son titre au mien (Armes silencieuses pour guerres tranquilles). À le lire et à en lire la légende (http://www.syti.net/SilentWeapons.html). C’est ce texte qui m’a donné l’élan pour écrire L’immanent. Vous pouvez aussi vous intéresser au fameux Diogène que ce commerçant cite et qui est Diogène de Sinope. Contre-exemple des sujets d’étude de faculté si orientés, il a été mis à la porte de l’histoire malgré la richesse de ses frasques philosophiques (pas étonnant, ce qui dérange passe au vortex depuis que l'homme est homme).

Ne jamais perdre de vue que rien ne change en suivant les sillons tracés pour nous dans une terre qui n’a pas de propriétaire. Et que cela vous plaise ou non, la propriété est le premier pas de l’homme sur la terre d’un individualisme contre nature. Rien n’est à vous, pas même ces cubes figés en l’air par l’opération de matériaux raffinés, traités, assemblés ou ces autres cubes à roues circulant grâce à une énergie fossile qui fait le malheur de notre terre et le bonheur d'une poignée de porc suintant la luxure et l'opportunisme...Si être propriétaires c'est pour vous prendre l'échelle sociale, alors assurez-vous qu'elle a bien tous ses barreaux en place et demandez-vous si une société doit reposer sur des facteurs économiques tel que la propriété de biens. Enfin, faites comme vous voulez, je m'en fous royalement. Je sais que la normopathie a la vie belle dans ces régions de la pensée et que le nombre y est le maitre.

De omnibus dubitandum, Skiv.