610-cassette-tape-storage.jpgAprès avoir évoqué mes auteurs préférés, il me fallait parler un peu des rappeurs français chers en mon cœur. Ne serait-ce que pour réhabiliter un peu ce style en pleine décrépitude suite à l’omniprésence des arriérés vecteurs de tant de mauvaises images. Oui, je vais fouiner dans le cul du petit ourson pour en sortir les merdes des reufs perdus dans leur idiotie et redorer le blason du rap terni depuis le début de ce millénaire. Il y a trois intrus dans la phrase précédente, stop, à vous de trouver lesquels, stop.

Seulement, sachez qu’il existe des rappeurs pourvus d’un cerveau. Il y en a même qui connaissent la langue française et on finit d’exploiter la trame des misères du béton. Ces pauvres bougres des cités tant méprisés par le monde entier ont suranné la vente de shit, les allocations familiales, les racines salies par le FN et le rejet de la bourgeoisie des babtous pur sang. Il faut le savoir, tous les blancs ont la vie belle et ne sont jamais victimes de racisme. Non, non, non, il n’y a que les gens portant un nom de famille à la sonorité occidentale qui peuvent être racistes. C’est un exemple, bien évidemment. Il en va de même pour les stupéfiants ou autres marchés parallèles, il n’y a que dans les cités où l’on peut en vivre par défaut de ne pouvoir s’intégrer dans les carcans de l’état. Aujourd'hui, les médias aidant (une webcam est c'est partit pour le show...pardon, je m'égare) le tout un chacun sortit d’une cave et fumant un joint de tcherno peut se faire rappeur et dénoncer. Quoi me direz-vous ? La détresse de sa vie de voyou voyons !
Ils représentent : W ! (Comprendrons ceux qui ont lu le Westcoastage).

Au début, le rap c’était ça. On dénonçait et grand bien nous en faisait car il y avait une réelle distance entre les informations et la réalité des situations. C’était incontournable, il fallait un contrepoint sur un monde voisin ignoré.
220px-Uprising_fist.jpgHélas, après une décennie, les sujets étaient complètement essoufflés. Simplement parce qu’en sortir faisait du rappeur autre chose mais certainement plus un rappeur. Un chanteur de variété au mieux, mais plus un rappeur. Le style s’était créé ses propres carcans et avec le temps les premiers de la classe sont devenus les englués de cette étroitesse d’esprit. Une certaine logique dans tout cela, les plus stupides sont restés pour véhiculer des idées de plus en plus nauséabondes et vendre aux gamins de la bêtise en mp3. Le rap a frôlé la fosse commune, il a atterri en cellule. Aujourd'hui, on se contente d'ignorer les rappeurs et de mettre en avant leurs clones ratés. Plus simple ainsi, moins à la télé, moins à la radio, moins subversifs, plus dans mes enceintes. Les pestiférés à l'écart, on risque pas de choper leurs crèves.

Et moi dans tout ça ? C’est mon blog après tout, merde alors ! Et bien j’ai abandonné. Je suis resté coincé avec mes référence vieilles d’une dizaine d’années et je vomissais sans honte sur l’actuel. Y avait pas photos avec l'ancienne école si prolifique et à la tessiture savoureuse. Mc Solaar (hé ouais, désolé, c'est le premier que j'ai écouté. A 11 ans je connaissais Qui sème le vent récolte le tempo par coeur! Et puis, il a fait un feat avec Guru alors on se la fer..), Fabe et la scred, I’am et son école du micro d’argent, Busta Flex, NTM (Paris sous les bombes est certainement l'album que j'ai le plus écouté), La Cliqua, Expression Directe (je vous aime toujours tellement les gars, de sacrées racailles mais rien à foutre !), les X-Men ("...pendez-les, bandez-les, descendez-les..."), Nakk, Puzzle, La rumeur, Les sages poètes de la rue, Le Sayan Supa Crew, Sleo, TSN, La Dernière tribus, Ministère AMER, la Mafia trece, La Caution, 2 bal 2 neg, Mgroup, La Harissa etc etc etc. Il y en avait tellement qu’au final je n’avais pas vraiment besoin de nouveauté. Cependant, quelque part, sûrement au niveau de l'estomac, j’avais du mal à digérer cet abandon du rap à une masse d’attardés créant un lien direct entre le rap et des idées aussi creuses et inutiles qu’un œuf vidé. Pire, ces crétins derrière les vitrines étaient et restent dangereux.
Leurs paroles suintent l’acculturisation (c'est presqu'un néologisme, désolé mais j'avais que ça) et sont en cohabitation réelle avec ceux-là mêmes qui étaient dénoncés 20 ans plus tôt. Faire de la caillasse, bling-bling, bitchs, grosses voitures, vulgarité gratuite pour l’illusion d’être un type dangereux sans quoi cette façade du rappeur s’effondre, mépris des autres et on y est. Le rap c’est ça...pour beaucoup d’entre-vous et beaucoup de cette jeunesse qui n’a pas eu la chance de le vivre entre 1990 et disons 2002.

Heureusement, certains ont su conserver leur talent et l’enrichir (ba ouais, ils ont veilli aussi, ça joue il paraît) jusqu’à le transformer en faire-valoir de prime importance dans cet univers abruti par les autres. Ils ont gardé le cap pendant la tempête, merciiiiiiiii.
D’autres, comme moi, ont vécu la grande époque en direct et, après des années de pénurie intellectuelle, se sont certainement dit qu’il était temps de reprendre le rap aux crétins. De la cicatrice s’écoulait des flots d’amertume devant le viol collectif que subissait le mot même de rap. Ils avaient le talent, ne manquait plus que le pas à franchir.

Alors, il faut se dire que des artistes existent pour entretenir et, je l’espère, ranimer le palpitant meurtrit de ce style musical. Des artistes qui manient souvent la langue avec brio (j’en suis très régulièrement jaloux !) et évoquent sans gêne n’importe quel sujet. Ils peuvent vous émouvoir, vous surprendre, vous toucher et vous enseigner. Je ne vois là aucune raison de se priver.

Voici plusieurs raisons d’écouter du rap :

  • OXMO-04.jpgOxmo Puccino. Je n’aurais pas pu commencer par quelqu’un d’autre. Il était là au début, au milieu et il est encore là maintenant. J’espère qu’il le sera toujours.

Même si je n’aime pas tout ce qu’il fait, il respecte la langue que je chérie et en use avec un touché incroyable. Oxmo c’est un conteur qui renouvelle en permanence son registre. J’ai eu un gros coup de cœur il y a quelques années pour "Lipopette Bar", album jazzy bourré d’énergie et de talent.



  • gunz-n-roce.jpg Rocé. Idem que pour Oxmo, toujours là malgré les aléas. Un philosophe dans l’âme (lecteur de Nietzsche, « Ainsi parlait rocéthoustra » ça ne trompe pas), intellectuel, il ne plaira pas forcément pour son flot (moi ça me va), mais son fond est si riche que l'ignorer serait un crime. Ca ne se déniche pas partout. Son album « Identité en crescendo » m’a fait revenir à l’actualité du rap. Les trois derniers albums sont du pur bonheur pour celui qui n’a pas peur de réfléchir un peu.

  • www-Fisto.jpg Fisto. Conseillé par Kicksnare, j’ai découvert son album « Futur vintage » avec le sourire du gamin qui se rend compte qu’il n’est pas seul à aimer regarder les nuages, même quand il flotte. Humour, réflexion, poésie sont au rendez-vous. Que demander de plus ?

Un grand merci pour « Décrocher les nuages » et « Lettre de non motivation » ! Un écrivain certain, à ne pas manquer.




  • odezenne-tu-pu-cu-clip_50zol_262d63.jpg Odezenne. Particulier, atypique, musicalement loin des basses de nos rap traditionnels, ce sont surtout deux put.... de poètes brodant la mélancolie avec amour. Ca parlera pas à tout le monde, il faut prendre un pas de recul pour écouter mais quand on y a débarqué une fois on y revient. Avec eux, j’ai retrouvé l’époque du lycée dans « Hirondelles» et je me suis senti bien moins seul dans mon ras le bol avec « Dis-moi ».

  • Soklak.jpg Soklak. 1977, album bourré d’humour, de style et de texte. Un flot particulier qui pique un peu au début, mais s’avère particulièrement agréable avec le temps. Gros kiffe pour « After L » et « Pas de place » deux chansons complètement différentes, deux façons de chanter complètement différentes, deux sujets complètements différents, deux gros battements dans ma poitrine. Merci pour : « ...c’est pas quand tu passes ton temps à péter plus haut que ton cul, qu’il faut être étonné quand une merde te tombe dessus... » c'est certainement pas la référence la plus subtile mais je kiffe tellement l'image ^^, merci pour tout l’album en fait.

  • orelsan_reference.jpg Orelsan. Certain ne seront pas d’accord, cela étant, pour moi, il a su adapter le rap à notre univers. Second degré oblige, ses textes parfois à l’eau de sperme ne plairont pas à tout le monde. Moi j’adore, il me fait bien rire avec « Pour le pire » et bien pleurer avec « Suicide social ». Bien moins en surface que ce que l’on peut penser, avec lui il ne faut surtout pas s’arrêter au péage de la bonne normalité, moralité, conformité, et foncer dans la barrière. Au mieux, on s’y pète les zygomatiques, au pire, on tire la tronche par dégoût moral.

Je m’arrêterai à ces 5 là pour l’instant. 5 piliers de ma musicothèque renouvelant le genre et soutenant le style. A côté de ces derniers, il y a une petite somme d’artistes que je vous conseille sans détour. Certains sont là depuis un bail mais n’ont pas eu la reconnaissance méritée, d’autres émergent tout juste et ceux qui restent et ba vous devez les écouter et puis c’est tout :

- Tedji, faites-vous plaisir avec Oligarshiiit prod. Ce serait criminel pour tout amateur de rap fr de passer à côté de Tedji! Après plusieurs mois d'écoute, je vous invite fortement à vous pencher sur son cas:http://www.tedji.fr/ et http://tedji.bandcamp.com/
- K.Oni, découverte toute récente, gros coup de cœur. Micronologie à écouter par la même occase!
- Nidraj, je recommande chaudement La chose (with my man Kicksnare à l’intro).
- Kacem Wapalek, avec lucio ils font partis de la clique d’Oster Lapwass, des lyonnais sisi (W ! dans ma tronche).
- Lucio Bukowski, quand il ne lit pas, il écrit des chansons. Punchliner de première.
- Loréa, parce qu’il fallait bien une femme...ça va, je plaisante. Et elle, elle déchire. Pour l'histoire du hip-hop, il faut regarder "J'veux des hits"
- Tonto Noiza, des ADK, avec son album Soul Sol. Un amoureux (il faut écouter "Ma femme" pour s'en persuader).


Voilà, forcément j’en oublie. Le domaine est si vaste (enfin, l’était en ce qui concerne le « bon ») qu’il m’est difficile de parler de tout. Je tiens juste à dire qu’il ne faut pas mésestimer ce que l’on ne connaît pas et s’arrêter aux clichés. Ce n’est pas parce que j’ai un poster de Scarlett Johansson que c’est ma femme... Bref, un merci à Kouz et Kicksnare (des cas...), qui m’ont fait découvrir la plus part des nouveautés évoquées ici.

Et pour finir :


Et:

Et, je m'arrête plus merde:

Et comme je suis mysogyne parce que j'écoute Orelsan et que j'ai envie de l'embrasser pour la chanson :

Ne pas hésiter à commmmmpléter, commmmmmmmenter, commmmmmmmmmmuniquer ^^ Enjoy, parce que c'est le plus important.