Le texte journalier sera sur la thématique des First Person Shooting ou FPS. Un univers avec, comme tant d’autres, son propre vocabulaire. C’est ça aussi la beauté de la langue. Si vous n’y comprenez rien, c’est normal. Si vous comprenez tout, faut arrêter très vite les jeux online ^^.
La bêta est ouverte depuis peu, les gamers ne sont pas encore nombreux dans la partie. Ma team spawn à l’extrémité sud de la map. J’hésite un instant à prendre un VCI ou une DCA mobile, mais rien n’indique de véhicules en face et il faut que j’upgrade ma classe soutien. J’y vais à pieds.
La plaine s’étend sous le canon de mon L-Sat. Un coup d’oeil dans mon ACOG pour check l’horizon. C’est tranquille, je fonce vers le premier objectif, c’est Charlie le plus proche. Il est en plein milieu de la map. D’ici peu, les tirs vont fuser et les obus pleuvront.
Avec la next-gen, on peut dire adieu à l’aliasing. Cela n’empêche pas les 30 premières secondes de clipping et quelques bugs vomitifs comme ce petit rollback qui me ramène en arrière toutes les 15 secondes. Ça va passer, le temps que le serveur s’échauffe.
J’avance vers le drapeau quand un premier hélico déboule à l’horizon. Je vérifie au Stinger. C’est un transporteur, je décide de garder mes munitions pour un vrai danger. Des coéquipiers en char sont déjà sur l’objectif. Le flag bat au vent prit entre deux bâtiments en construction, la barre de capture est presque pleine. Je fonce en enfonçant L3.
Sur ma gauche, deux autres joueurs, appartenant à mon escouade, tentent de contourner un char en quad pour atteindre C. Lorsqu’ils approchent du campement, je vois leur quad exploser et faire un vol plané vers l’avant. Leurs deux avatars sont propulsés en l’air. Ils ont roulés sur une M2 et sont bons pour un respawn à l’autre bout du monde.
Pour une bêta, le framerate envoi le pâté, la fluidité est impressionnante mais le ping reste trop élevé. Vivement des serveurs dédiés que je profite des qualités de la fibre.
En jeu, j’accélère et suis presque arrivé au drapeau lorsqu’une balle de sniper interrompt net ma progression entre les couloirs gris du bâtiment. L’id du gamer : « PSG75011 », un original, sûrement en mathsup ou à sciences-po.
Je respawn derrière mes deux camarades du quad. Cette fois, ils ont choisi un char et repartent vers C qui vient de passer aux mains de l’ennemi. Ils ont 24 tickets d’avance, la manche vient juste de commencer. Je repars à pied après avoir fait les trois-quarts du trajet en moto, c’est plus discret. Seulement, après 9,81 s de jeu, une autre balle de PSG75011 me met à terre. Je sais pas trop comment il fait pour me oneshot en me tirant dans le buste étant donné qu’aucun snipe ne permet de le faire, mais ses respawn kills vont vite me gonfler. Je vilipende sa mère sans la connaître et n’ai plus qu’une idée en tête: le retrouver et faire de son avatar un truc inerte et encore moins vivant qu’il ne l’est déjà.
Cette fois, je choisis un point un peu plus éloigné et prends un char pour aller écraser cette raclure. J’ai repéré son emplacement sur la map lorsqu’il a tiré. Il campe dans les hauteurs d’une des collines surplombant la plaine. Un pote de ma team me rejoint dans le char. D’ordinaire c’est un rusher, mais là il est à fond d’xp pour toutes les classes sauf pour l’éclaireur. Pas son truc, il tape des crises de nerfs et rage quit fréquemment. Rester en place à attendre le shoot qui sera plus qu’un hitmarker ça le saoule et je le comprends. Dans les vallons de la colline, j’écrase tout ce qui dépasse, il shoot le reste avec les sulfateuses latérales embarquées. J’évite la route pour les mines et vais tout droit vers ma Némésis parisienne. Pour l’instant, mon pote jubile. 3 frags en route, j’attends le moment où il prendra la place de PSG75011 dans son creux de campeur. Je lui donne 3 min et que des points d’assist avant d'arrêter. Hardcore gamer de confession, il n’y qu’au snipe qu’il n’arrive à rien. Pourtant, ses skills au shoot sont impressionnants à courte et moyenne portée. Son ratio est presque égal à deux fois le mien. Mais les headshots à 300 mètres lui restent inaccessibles et ça le rend littéralement dingue. Une fois, il a explosé sa table basse en tapant dessus avec le côté du poing. Moi, j'ai déjà fait un trou dans une porte de placard, chacun son style.
Le campeur nous a finalement vu arriver. Il cavale entre les arbres, je les renverse et le pourchasse. Mon coop descend et essaye de l’avoir au snipe. Avec les mouvements de sa course, impossible pour lui. Même à 10m. Il renonce et s’installe après avoir planté une claymore dans son dos. Je continue de pourchasser le fan du PSG en le bullshotant dès que possible. Mais, avec le cahot du char, je ne fais qu’un ou deux hitmarkers. Le lag n’aidant pas, il continue de cavaler sans que je puisse le fragger. La distance se réduit, les roquettes de ses alliés me frôlent, je ne suis plus qu’à un mètre de lui.
Brusquement, il tente de tourner à gauche. Mais j'arrive à le suivre et réussis tant bien que mal à l’écraser. Jubilation! Dans ta gueule connard! Rien que pour ce frag, je kiffe. Pour bien marquer le coup, je roule sur son cadavre 3 fois avant de me faire exploser par une armada de roquettes.
20 secondes plus tard, un MP arrive. PSG75011 m’insulte de fiotte pour l’avoir tué en char. J’hésite. Une insulte, le silence, une insulte, le silence, une insulte, le silence, une insulte. Abruti par le jeu, réduis à mes pulsions, je lui réponds d’aller se faire mettre avec en cadeau un screenshot de son avatar sous la chenille de mon char. Enfin, je le ban de mes contacts. Pas de droit de réponse pour les campouzes des ronces. Le type doit avoir des actions Quéchua. Moi j’suis plus running Nike. À part chez Décathlon, on peut définitivement pas s’entendre.
Le sniper est-il un campeur ? Débat philosophique resté sans réponse pour l’instant. Là, ça me fait du bien de penser que oui. J’ai une insulte toute trouvée, pas besoin de me casser le crâne à chercher. Et la mauvaise foi est un des droits élémentaires du gamer alors me faites pas chier !
Bon, mon ratio est à la ramasse, faut faire quelque chose. Je choisis ma classe d’éclaireur et prends mon silencieux. Un DAS, une claymore, une balise radio et un pompe au cas où. Je respawn sur mon pote et me pose juste à côté de lui. Peu de temps après, il rage quit après avoir manqué un duel avec un autre sniper posté sur une tour. « Il prend pas ses balles ce sale campeur de mes couilles! Jeu de merdddddddddde !!!!!! » Mon ouïe perd deux octaves, je bute son vis-à-vis et prends sa place dans le buisson. Entre deux branches sans mouvements, ma tenue de Chewbacca passe impec. Ils sont pas prêts de me cramer en face. Le regard planté sur C, j’attends qu’une cible se présente. Pour le reste de la partie, je ne bouge plus...